Jean Sébastien Bach

Jean Sébastien Bach est né en 1685 à Eisenach, d'une famille de musiciens réputés. C'est le plus jeune fils de Johann Ambrosius Bach (1645 - 1695) qui vivait depuis 1671 à Eisenach, comme musicien de la ville et de la cour. A la mort de son père en 1695, le jeune Bach, qui a 10 ans, se voit confié à son frère Johann Christoph, un élève de Pachelbel à Ohrdruf.

A 15 ans il est envoyé au Gymnasium de Lüneburg, où pendant 3 ans il profite des possibilités que cette ville offre à son désir d'élargir ses connaissances musicales. Deux organistes attirent son attention : Johann Jacob Lôwe (1 629-1 703) et George Böhm (1661-1733).

Plusieurs voyages à Hambourg, le centre Protestant au Nord de l'Allemagne, procurent au jeune musicien une connaissance approfondie de cette grande tradition ainsi que l'art de la facture d'orgues, Comme violoniste en 1703, Bach entre au service de Johann Ernst de Weimar, et au mois d'août de la même année, est nommé organiste de Saint Boniface d'Arnstadt.

A la suite de conflits avec ses supérieurs, Bach quitte Arnstadt et accepte la succession de Ahle à l'église Saint-Blaise à Mülhausen en 1707. La même année, il épouse sa cousine Maria Barbara Bach, qui lui donnera sept enfants. L'année suivante, Bach est nommé musicien de chambre et organiste de la cour de Weimar. En 1714, il est nommé « Konzertmeister » de la cour. De musicien d'église, Bach devient musicien de cour. En 1721, il écrit les six concertos Brandebourgeois, et se remarie à la suite de la mort de sa première femme avec Anna Magdalena, qui lui donne 13 enfants, dont Johann Christoph (Le Bach de Bückeburg) et Johann Christian (le Bach de Londres).

En 1723, le vendredi saint, il accepte pour des raisons financières (sa famille est particulièrement nombreuse) le poste de cantor de Leipzig et se présente à l'église Saint-Thomas avec sa « passion selon Saint-Jean ». Dans le domaine musical, tout change : après la musique profane, à laquelle s'était adonné le maître de chapelle, c'est la musique d'église qu'on exige du cantor. Après les musiciens professionnels de cour, il ne trouve là que de simples musiciens d'église, des étudiants et des élèves. Son temps libre est assombri par des disputes avec le conseil de ville et le recteur de son école. Ce n'est que malgré lui qu'il conservera son poste de cantor jusqu'à sa mort.

Il paraît alors renoncer à toute idée de changement, se replie sur lui-même et son œuvre et, pendant les dix dernières années de sa vie, sur une tradition musicale qui le rapproche encore plus de la source de foi luthérienne.

En 1736, BACH reçoit enfin le titre convoité de compositeur de la cour du roi de Pologne, mais il se voit confronté à un style musical qui n'est plus le sien, duquel il s'éloigne, en approfondissant les bases de son art devenu personnel dans sa poursuite isolée.

Une maladie des yeux le rend totalement aveugle en 1749. Les derniers mois, son élève et gendre, JC Altnikol note les dictées du Maître, qui écrit son « Art de la Fugue ». Sur l'autographe, non achevé, Carl Philipp Emmanuel devait ajouter : « Sur cette fugue, où le nom de B.A.C.H. (suivant la notation allemande, qui correspond à celle des pays latins « Si bémol, La Do, Si ») a été placé an contre-sujet : l'auteur est mort ».

Magnificat

BWV 243 en Ré majeur, pour solistes, chœur et orchestre

I Coro
« Magnificat anima mea »

VI - Aria
« Quia fecit mihi magna »

XI - Aria
« Deposuit »

II - Aria
« Et exsultavit spiritus meus »

VII - Coro
« Freut euch und jubiliert »

XII - Aria
« Esurientes »

III - Coro
« Vom Himmel hoch da komm ich her »

VIII - Duetto
« Et misericordia »

XIII - Duetto
« Virga Jesse foruit »

IV - Aria
« Quia respexit humilitatem »

IX - Coro
« Fecit potentiam »

XIV - Coro
« Suscepit Israel »

V - Coro
« Omnes generationes »
X - Coro
« Gloria in excelsis Deo »
XV - Coro
« Sicut locutus est »
XVI - Coro
« Gloria Patri »

Cantique entonné par Marie à la louange de Dieu après que sa cousine Élisabeth eut salué en elle la mère du Seigneur, le Magnificat semble avoir fait partie de l'office catholique romain des Vêpres dès la fixation de la liturgie. Il était chanté en allemand le dimanche après-midi, lors de l'office des Vêpres à l'époque où Bach était cantor de Leipzig, tandis que le jour de Noël, il était chanté en latin.

La version la plus connue du compositeur qui est donnée ici est une révision datant de 1730 d'une version écrite préalablement en 1723 à l'occasion du premier Noël de Bach à Leipzig. Elle est complétée par des chants très probablement écrits spécifiquement pour la période de Noël et moins connus du public.

L'aspect solennel ressort immédiatement de la partition. Le Chœur est écrit à cinq voix - au lieu des quatre habituelles - les sopranos étant dédoublées.

L'œuvre débute par un mouvement joyeux dont une moitié est purement instrumentale, et où des guirlandes de doubles-croches se conjuguent à de vigoureux arpèges. L'air pour l'alto, accompagnée par les cordes « Et exsultavit » procède du même esprit, sur des figures musicales analogues. Dans l'Adagio, la soprano est accompagnée par un hautbois d'amour dont la phrase descendante illustre le mot « humilitatem »(bassesse). L'aria s'enchaîne directement sur un chœur vif, accompagné par tout l'orchestre, qui évoque la foule des générations massées pour acclamer la Bienheureuse. La suite du texte nous ferait attendre un effectif complet, mais Bach parvient à un contraste plus frappant encore en tirant partie de la voix de basse pour évoquer les fastes royaux, en particulier dans les vocalises majestueuses sur « potens » (puissant) et « magna » (de grandes choses).

La douceur revient avec un duo pour alto et ténor en tierces paisibles, sur un rythme pastoral et un accompagnement berceur de flûtes et de cordes en sourdine. Le « Fecit potentiam » utilise tout l'effectif, une basse marquée et de brillants traits vocaux. Dans le « Dispersit superbos », Bach fait preuve de son génie à accorder la musique au texte ; celle-ci se fragmente vraiment sur le verbe « dispersit », se ressaisit sur un accord tranchant et insolite au « superbes », pour finir en un adagio soutenu et une cadence prolongée par un ornement de trompette. L'air de ténor avec violons à l'unisson, est basé sur deux phrases complémentaires, l'une descendante pour « deposuit », l'autre montante pour « exaltavit ». L'air d'alto suivant recourt au même procédé « implevit» monte tandis que « dimisit » descend mais l'atmosphère est toute empreinte de tendresse, avec son accompagnement délicat de flûtes et de pizzicatos à la basse. La conclusion spirituelle souligne bien le sens du texte.

Les trois voix de femmes entonnent le « Suscepit Israel » pendant que les hautbois jouent à l'unisson une psalmodie utilisée pendant des siècles pour chanter le Magnificat, et qui remonte peut-être au judaïsme pré-chrétien, le « tonus peregrinus », le seul plain-chant connu qui comporte une modulation. Bach en profite pour effectuer un changement de tonalité magique, en modifiant la ligne vocale tout en conservant la base instrumentale régulière. Le « Ad patres nostros »suggère naturellement le style qu'auraient adopté ses prédécesseurs ; aussi le traite-t-il par une fugue démodée a capella avec continuer.

Le « Gloria » commence spectaculairement par des accord massifs et de grands épanchements choraux ; à la phrase « comme il était au commencement », et suivant en cela une convention au moins aussi ancienne que Monteverdi, Bach reprend la musique du premier chœur, en l'adaptant au nouveau texte. Ainsi s'achève une de ses œuvres les plus lapidaires et l'une de celles où la congruence du texte et de la musique éclate le plus manifestement.



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